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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/376

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DE LA NOUVELLE-FRANCE

intendance, Talon s’occupa très spécialement de cette colonie qui formait comme une province annexe de la Nouvelle-France. Il s’intéressa beaucoup à l’accroissement de sa population, de son commerce, au développement de ses pêcheries et de son agriculture. Il se montra vivement anxieux d’établir entre elle et le Canada des communications plus promptes et plus sûres. Dans sa pensée, comme dans celle de Colbert, l’Acadie pouvait contribuer à fortifier puissamment la Nouvelle-France, et ses ports de mer, libres en toute saison, lui conféraient un précieux avantage dont il importait de faire bénéficier la colonie canadienne.

En 1670, M. le chevalier de Grandfontaine, capitaine au régiment de Poitou, avait été chargé d’aller prendre officiellement possession de l’Acadie, restituée par l’Angleterre à la France en vertu du traité de Bréda[1]. Il avait reçu de Sir Richard Walker les clefs

  1. — M. Rameau dans sa Colonie féodale (p. 127), fait un joli tableau de l’arrivée de M. de Grandfontaine, à Pentagouet, le 5 août 1670. D’après lui cet officier venait directement du Canada, et avait fait cent vingt lieues à travers forêts et rivières pour atteindre ce poste. Cependant les documents officiels nous semblent absolument contraires à ce récit. D’après les lettres de M. Colbert de Terron et de Talon, et d’autres pièces très probantes, M. de Grandfontaine partit de France à bord du Saint-Sébastien avec sa compagnie et se rendit par mer en Acadie. Le 7 juillet 1670, il était à Boston et signait une convention avec le chevalier Temple, pour la reddition des forts de Pentagouet, de Port-Royal, etc. Croit-on que du 7 juillet au 5 août, il s’était rendu de Boston à Québec, pour le plaisir de faire ensuite par terre le difficile et pénible voyage de Québec à Pentagouet. Il y avait là une impossibilité matérielle. Ce double voyage aurait pris plus de deux mois. (Voir Collection de Manuscrits, pp. 198 et 205 ; Talon au roi, abrégé, etc., 10 nov. 1670).