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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/411

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JEAN TALON, INTENDANT

lorsqu’on le rapprochait du fait que, sept ans plus tôt, sur les deux mille trois cent soixante-huit navires que possédait en tout le commerce français, mille soixante-trois n’étaient que des barques de dix à trente tonneaux, trois cent vingt-neuf seulement étaient au-dessus de cent, quatre-vingt-cinq étaient au-dessus de deux cents, pas plus de dix-neuf allaient de trois cents à quatre cents, et que pas un seul ne dépassait ce dernier tonnage[1]. Après tout, la construction navale à Québec n’était pas en mauvaise posture.

En même temps Talon continuait à encourager l’industrie. La culture du chanvre réussissait parfaitement[2], et la multiplication des moutons augmentait sensiblement la production de la laine. L’intendant insistait

    les capitaines de vaisseaux arrivés cette année l’estiment du port de 400 tonneaux ou plus. Il est percé pour 38 pièces de canon. Ils le trouvent d’un fort bon gabarit, mais surtout fait de bois qui est tout à la hache et non refendu. Je souhaite qu’il serve un jour utilement à Sa Majesté qui pourra par celui-ci connaître qu’on en peut faire en Canada.

    « Outre ce vaisseau, il y en a un, prêt à mettre à la voile pour les Antilles, du port d’environ 60 tonneaux, que j’ai fait achever cette année. Un autre en forme de gribanne (petit navire à fond plat, sans quille) est encore sur l’estain et doit être bientôt achevé. Ce dernier doit servir à porter les bois qu’on tire des côtes du fleuve pour les ateliers de marine. » (Talon à Colbert, 10 nov. 1671 ; Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. III).

  1. — Henri Martin, Histoire de France, 13, p. 123.
  2. — Talon disait en 1671 que, dans trois ans, les habitants se fourniraient de toile, quoique le Canada en consommât pour plus de soixante mille livres par année commune ; il ajoutait que la colonie exporterait du chanvre « autant, à proportion de ses colons, qu’en puisse fournir l’une des provinces du royaume la plus fertile en ce légume » (sic).