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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/128

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

les constructions cyclopéennes du second âge, celles où les Pélasges assemblèrent des pierres colossales à prismes irréguliers, et les ajustèrent, sans le secours du ciment, avec une certaine précision. Ce système, que le classique Rondelet (Art de bâtir) nomme l’appareil polygonal, fut imité par les Grecs, même après les temps héroïques. Mais dans l’opus incertum de Vitruve, renouvelé de nos jours, avec une beauté sinistre, à la prison de Mazas, les pierres ne sont pas jointes à sec, comme celles des Pélasges, qui, mesurant parfois jusqu’à cinq ou six mètres de longueur sur deux de hauteur, se soutiennent par leur coupe et par l’énormité


appareil polygonal.


de leur poids. Le ciment joue ici, au contraire, un rôle très important, et on lui donne une saillie visible, non seulement afin d’accuser avec énergie la maille inégale et sauvage qui enchaîne toutes les pierres, mais encore afin que le temps et l’air aient quelque chose à ronger avant d’atteindre au ras du mur.

C’est aussi pour donner satisfaction au regard que l’architecte, quand il a bâti en moellons ou en briques, met en évidence des chaînes de pierres, c’est-à-dire des piles formées d’assises en pierres de taille, qui renforcent la maçonnerie par des points d’appui plus résistants. Ces pierres de taille sont alternativement présentées par leur face étroite (en bon tisses) et par leur face longue (en carreaux). Leur liaison avec la muraille qu’elles soutiennent est rendue sensible par les pierres longues qui s’y engagent, et dont la partie excédente se nomme harpe. La chaîne est dite simple quand elle fait harpe d’un seul côté ; double, quand