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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/47

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DES PROPORTIONS DU CORPS HUMAIN.

« Les Égyptiens, dit Diodore de Sicile, réclament comme leurs disciples les plus anciens sculpteurs grecs, surtout Téléclès et Théodore, tous deux fils de Rhæcus, qui exécutèrent pour les habitants de Samos la statue de l’Apollon pythien. La moitié de cette statue, disent-ils, fut faite à Samos par Téléclès, et l’autre moitié fut sculptée à Éphèse par Théodore, et ces deux parties s’ajustèrent si bien ensemble que la statue entière semblait être l’œuvre d’un seul artiste. Après avoir disposé et taillé ; leur pierre, les Égyptiens exécutent leur ouvrage de manière que toutes les parties s’adaptent les unes aux autres dans les moindres détails. C’est pourquoi ils divisent le corps humain en vingt et une parties et un quart, et ils règlent là-dessus toute la symétrie de l’œuvre. »

Diodore de Sicile s’est trompé : nous avons vérifié nous-même, en visitant les monuments de l’Égypte, qu’aucun canon des proportions ne divisait le corps humain en vingt et une parties et un quart. La figure que l’on voit dans les débris d’un sanctuaire, au grand temple de Karnac, et que nous y avons dessinée, et celle dont les proportions sont marquées par des lignes horizontales, dans les ruines du temple d’Ombos, sont divisées l’une et l’autre, non pas en vingt et une, mais en vingt-deux parties et un quart environ. Mais ce canon n’est pas meilleur que celui de Diodore, car, en expérimentant cette manière de mesurer, on ne rencontre pas justement les points de section marqués par la nature elle-même. En d’autres termes, l’ouverture de compas, égale à la vingt et unième partie ou à la vingt-deuxième, tombe presque toujours en deçà ou au delà des articulations, au-dessus ou au-dessous des principales lignes tracées par le divin géomètre. Aussi le canon que Diodore avait mal vu n’a-t-il été suivi dans aucune école, quoique les livres de ce voyageur fussent bien connus.

Déjà, du reste, au temps de Vitruve, contemporain de Diodore, les règles antiques étaient oubliées, puisque les mesures que propose cet architecte sont inexactes.

« Le corps humain, dit-il dans son troisième livre, a naturellement et ordinairement cette proportion que le visage, qui comprend l’espace qu’il y a du menton jusqu’au haut du front, où est la racine des cheveux, en est la dixième partie. La même longueur est depuis le pli du poignet jusqu’à l’extrémité du doigt qui est au milieu de la main. Toute la tête, qui comprend ce qui est depuis le menton jusqu’au sommet, est la huitième partie du corps entier ; la même mesure est depuis l’extrémité inférieure du col par derrière. Il y a, depuis le haut de la poitrine ; jusqu’à la racine des cheveux, une sixième partie, et jusqu’au sommet une quatrième. La troisième partie du visage est depuis le bas du menton jusqu’au-dessous du nez ; il y en a autant depuis le dessous du nez jusqu’aux sourcils, et autant encore de là jusqu’à la racine des cheveux qui termine le front. Le pied a la sixième partie de la hauteur de tout le corps, le coude la quatrième, de même que la poitrine. Les autres parties ont chacune leurs