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Page:Charles Blanc-Grammaire des arts du dessin, (1889).djvu/75

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ORIGINE ET CARACTÈRE DES ARTS DU DESSIN.

RÉSUMÉ DES IDÉES GÉNÉRALES

QUI ONT ÉTÉ ÉNONCÉES DANS CE QUI PRÉCÈDE ET QUI SERONT DÉVELOPPÉES DANS CE QUI SUIT.

Les idées générales de cet ouvrage sont, en substance :

Que le sublime n’est point le superlatif du beau, mais qu’il s’en distingue, au contraire, essentiellement ;

Que le sublime de l’art, défini par ses effets, étonne et bouleverse notre âme, tantôt en rappelait, dans l’architecture, les spectacles les plus imposants de l’univers ; tantôt en nous donnant, dans la sculpture colossale, l’idée d’une durée éternelle ; tantôt en nous procurant, par la peinture, le sentiment de l’infini ;

Que le beau, ne doit pas être confondu avec l’utile ni avec l’agréable, ne peut avoir la même définition dans les trois arts du dessin ;

Que le beau, dans l’architecture, est l’expression du caractère par le plan, les proportions et les profils ;

Que le beau, dans la statuaire et dans la peinture, est la vérité typique des formes ;

Que l’idéal, en nous, est comme un souvenir d’avoir vu jadis la perfection et une espérance de la revoir encore ;

Que l’idéal, en dehors de nous, est l’exemplaire primitif et divin de tous les êtres ;

Que, loin d’être synonyme de l’imaginaire, l’idéal est la concentration du vrai, l’essence du réel ;

Que l’art n’est pas seulement l’imitation, mais l’interprétation de la nature, et que sa plus haute mission est de manifester le beau, dont la nature contient les germes, en débrouillant ce qui est confus, en simplifiant ce qui est compliqué, en éclairant ce qui est obscur ;

Que le style, en son acception générale, est aussi la vérité typique ;

Que cependant le style n’est pas absolument pour le peintre ce qu’il est pour le sculpteur ;

Que le style, en sculpture, consiste à ramener les formes à leur caractère originel et générique, en éloignant les détails insignifiants qui les obstruent ou les pauvretés qui les défigurent, en omettant les accidents qui les ont altérées, en discernant les alliages qui les ont corrompues ;

Que le style, en peinture, est plus libre, plus attaché à la physionomie particulière des hommes et des choses, et qu’il s’accommode de la variété