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LA CORÉE OU TCHÖSEN

d’être appétissante, et ne plaira jamais à un palais raffiné ; il suffit de mentionner le poisson, qui est préféré à un état presque putride, et le kimtchie, espèce de choucroute pourrie dont l’odeur est insupportable : deux plats qui indiquent la cuisine du pays. On ne nous a pas assujettis à ce menu, mais à un repas européen, préparé par un cuisinier chinois et servi par les garçons chinois et japonais, qui ont appris leur métier, pour la plupart, à bord des navires de guerre européens.

Le marché de Séoul est rempli en abondance, sans parler du choix, du meilleur gibier : oies et canards sauvages, cygnes, outardes, faisans, cailles, lièvres. Comme poissons : le taï, goujons et d’autres espèces. Le seul fruit qui arrive à la perfection est le kam ou plaquemine qui, en Corée comme au Japon, est un fruit aussi gros qu’une pomme ordinaire et vraiment délicieux.

Après le Champagne, on nous servit du sul chaud, et malgré que ce liquide soit fort capiteux il en faut une quantité considérable pour enivrer le Coréen, grand buveur d’ailleurs. La conversation à table, cela se comprend, roule entre les Européens ; les kisangs boivent sec mais sont très réservées à l’adresse des étrangers, se contentant de nous envoyer des regards fauves.

La femme coréenne est loin d’être jolie, et sa coiffure n’est pas faite pour compenser cette qualité qui lui manque. Ses cheveux, très noirs, sont plâtrés sur la tête avec de l’huile rance, séparés au milieu de la tête et rassemblés à la nuque par des épingles en argent longues de 0m,25. Elle a le teint jaunâtre, de petits yeux, le front très proéminent et la figure marquée de variole, maladie à laquelle peu d’indigènes échappent. La femme marche peu et possède des pieds excessivement petits et très jolis, sans avoir recours aux moyens employés par les Chinoises. Sa robe décolletée laisse voir les seins, et la ceinture remonte si haut qu’on peut se demander si elle peut mériter ce nom. Elle doit porter beaucoup de sous-vêtements d’après le volume de sa robe, ce qui donne au tout ensemble l’apparence d’une bouteille ou plutôt d’une cruche. Elle est chaussée de petits souliers en drap bleu clair avec les pointes retroussées à la façon des babouches turques. Le chapeau est de deux sortes : un pour la toilette, l’autre pour la petite tenue. Le premier est à peu près de même modèle que celui porté par