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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/113

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— « Si je te vaincs, tu seras mon serf et t’emmenerai avecques moi en Cournouailles.

— « Oui, » dit le Sire.

— « Et te ferai graisser le sabot à mes chevaux et vider de fumier l’écurie ; puisse-tu là être invincible à labeur. »

— « Oui, » dit le Sire.

— « Et, si tu n’es invincible, l’invincible bâton te frottera invinciblement. »

— « Oui, » dit le Sire.

— « Mais si tu me vaincs, vois-ci ton lot :

« Tout l’habillement de mon cheval lequel est de fin fer de mailles : sa belle selle laquelle est de beau cœur de cormier, bien couverte en cuir, et sont les arconnières peintes fièrement de dix braves chevaliers s’entrebattant et de Notre Seigneur chassant le diable hors le corps d’un orgueilleux ; mon casque lequel est de fin fer battu et au-dessus est bel épervier d’argent suroré, à grandes ailes, lequel, non obstant ta devise pourra bien contre ton cœur saignant, ton ébrechée faucille et ton piteux corbeau ; vingt cent besans lesquels sont en l’hôtel de ton seigneur le noble comte de Flandres. Or ça, Messire de l’Invincible, cuides tu gagner invinciblement les vingt cent besans, le mien casque et l’habillement de mon cheval. »