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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/120

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Et ainsi passa le premier jour.

La nuit étant venue, il tomba froide pluie, dont il prit les fièvres. Ce nonobstant il ne voulait retourner en son château par crainte de son frère. Frissant, claquetant des dents, et soi traînant vers le nord, il vit en une clairière belle fillette, haute en couleur, frisque accorte, pimpante, et chanta. Mais la fillette ne vint point.

Et ainsi passa le second jour.

À la nuit la pluie tomba de rechef et il ne sut du tout bouger tant il était raidi, et chanta, mais nulle vierge ne vint. À l’aube, la pluie ne cessant point et il étant couché sus les feuilles, un loup survint et le flaira, cuidant que ce fut quelque mort, mais il le voyant s’écria bien épouvantablement et le loup s’en fut. Puis il prit faim mais ne trouva rien à manger. À vêpres il chanta derechef mais nulle pucelle ne vint.

Et ainsi passa le tiers jour.

Vers la minuit le ciel prit clairté et le vent souffla chaud. Et il, quoique souffrant grandement de faim, soif et fatigue, ne s’osa endormir. Au matin du quatrième jour, il avisa comme fille bourgeoise venant vers lui. La fille voulut s’enfuir le voyant, mais il s’écria bien fort : « À l’aide, je suis de faim et fièvres navré. » Lors la fille approcha et lui dit : « J’ai faim pareillement