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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/130

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« encavé bien avant en vos réflexions, car tristesse et gravité sont deux lots de vieillesse, mais je sais bien fillette qui vous dériderait le front et vous ferait vous éclaffer de rire. »

— « Possible est, » dit le Sire.

— « Oui, » dit la dame, « possible est assurément, car que vienne à vous, en cette chambre, Magtelt notre fille, je verrai bien mon mari et seigneur être joyeux. »

Ce qu’ouyant, le Sire hocha la tête sous riant un petit.

— « Oui, oui, » dit la dame, « car si Magtelt rit, mon vieux Roel rit ; si Magtelt chante, muse mon vieux Roel et dodeline de la tête joyeusement, et si elle trotte céans, il la suit des yeux riant à chaque pas de sa mignonne. »

— « De fait, Gonde, » dit le Sire.

— « Oui, oui, » dit la dame, « car quelle est ici la joie et santé ? Ce n’est moi qui suis vieille et perds mes dents par morceaux ; ne toi davantage, mon compère en antiquaille, ne le Taiseux davantage, ne Anne-Mie la privée servante, qui non obstant qu’elle est bien douce et saine en son corps, est moult trop paisible en ses façons et ne rit que si on la fait rire. Mais celle qui nous fait vieillesse heureuse, celle qui est le rossignol céans, celle qui toujours court et vole, vient et revient,