Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 97 —

passe et repasse, chante et rechante, joyeuse comme un carillon de Noël : c’est notre bonne fille.

— « Ainsi est il », dit le Sire.

— « Ha, » dit encore la dame, « ce nous est heur bien grand avoir telle enfant, ayant jà tous deux les pieds froids sans cesse. Car sans elle pourrions nous passer le temps en tristesse, et de nos vieux pieds le froid monterait au cœur et ainsi serions-nous portés en terre plus vitement.

— « Oui, femme, » dit le Sire.

— « Ha ! » dit la dame, « toute autre damoiselle voudrait avoir servants d’amour, aller en la cour de Monseigneur et là prendre mari. Mais la mignonne pucelle n’y songe du tout, car elle n’aime céans que nous et celle qui la suit sans cesse et est comme sa sœur, Anne-Mie la privée servante, mais c’est pour la tabuster un petit et ainsi l’aider à rire. »

— « De fait, » dit le Sire.

— « Oui, oui, » dit la dame, « et chacun l’aime, admire et respecte ; pages, écuyers, varlets, gens d’armes, privés servants, serfs et manants, tant elle est brave, joyeuse ; tant elle a brave et chaste contenance. Il n’est point jusqu’à Schimmel, le beau coursier qui ne la suive ainsi que chien. Ha ! la voyant venir il hennit de grand aise ; aussi est-elle unique à lui porter orge et