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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/138

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Mais la dame lui dit : « Où est Anne-Mie ? »

— « Je ne sais, » dit Magtelt, « elle se gausse de nous sans doute, et se cache en quelques coin. »

— « Telle n’est, » dit le Sire Roel, « la coutume d’Anne-Mie, car si quelqu’un céans se gausse des autres, ce n’est point elle, mais toi, mignonne.

— « Seigneur père, » dit Magtelt, « vous m’allez faire inquiète parlant ainsi. »

— « Adoncques, » dit le Sire, « va querir Anne-Mie ; pour ce qui est de nous, commère, mangeons ; nos vieux stomachs ne peuvent aussi bien que ces jeunes attendre longuement le nourrissement. »

— « Ha, » dit la dame, « je ne saurais manger. Va, Magtelt, et nous ramène Anne-Mie. »

Mais le Sire se servit une grande platelée de belles fèves et de beau bœuf, et mangeant disait que rien n’est comme femme facilement inquiet, hors de sens, angoisseux, troublé, et ce pour moins que rien.

Ce non obstant il était inquiet un petit, et souventefois regardant la porte disait que la fillette malicieuse s’y montrerait subitement.

Mais Magtelt ayant couru par tout le château revint et dit : « Je n’ai point trouvé Anne-Mie. »