Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 105 —

XXII.

Et Magtelt eut grosse peine sus le cœur et ploura, et soi lamenta s’écriant : « Anne-Mie, où es-tu ? Je te veux ravoir. » Et tombant sus ses genoux vis à vis du sire Roel, elle dit : « Monseigneur père, vous plaît il envoyer soudards en bon nombre, afin qu’ils s’enquièrent d’Anne-Mie ? »

— « Je le veux, » dit-il.

Les soudards s’en furent, mais n’osèrent chevaucher sus la terre d’Halewyn par peur du charme.

Et au retour, ils dirent : « Nous ne savons rien d’Anne-Mie. »

Et Magtelt s’alla mettre en lit et pria le Dieu Très Bon de lui rendre sa douce compagne.

Au second jour, elle s’alla seoir près du vitrail fenestré, et sans cesse ni repos considéra la campagne et la neige tombant, et regarda si Anne-Mie ne venait point.

Mais Anne-Mie ne pouvait venir.

Et au tiers jour la peau lui saigna contre les yeux par force de plourer. Et la neige ne tombant plus, le ciel se fit clair et le soleil y luit et la terre fut gelée.