Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 114 —

Et Magtelt s’en fut vers la dame Gonde, laquelle priait en la chapelle pour le repos de l’âme d’Anne-Mie ; et elle tira à sa mère la robe, pour se montrer présente.

La dame ayant tourné la tête, Magtelt chut à genoux devant elle :

« Mère, » dit-elle, « puis je aller à Halewyn ? »

Mais la dame : « Oh ! non, ma fille, non, toi pas ; qui s’en va là ne revient pas. »

Elle, ce disant, ouvrant les bras, laissa choir sa pomme d’or à chauffer mains, si bien que toute la braise ardente s’épandit sur le solier. Puis, se prenant à gémir, plourer, trembler et claqueter des dents, elle embrassait la fillette bien étroitememt et ne la voulait point laisser aller.

Mais elle ne cuida du tout qu’elle lui pût manquer d’obéissance.

Et Magtelt s’en fut à Toon, lequel malgré ses blessures était déjà issu du lit et sis sur son coffre se chauffait au premier feu.

« Frère, » dit-elle, « puis je aller à Halewyn ? »

Ce disant, elle se tenait bien assurée devant lui.

Le Taiseux leva la tête et bien sévèrement la regarda, attendant qu’elle parlât davantage.

« Frère, » dit-elle, « Siewert Halewyn nous a