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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/182

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« Au demourant, » ajoutait-il, « celluy Smelse est athée tout-à-fait, lisant la bible d’Anvers non obstant les défenses, et ne hantant les églises que par crainte et du tout par amour. »

Par tels et autres médisants propos Slimbroek robba à Smetse tous ses chalands.

Et tôt fut le feu éteint en la forge du bon forgeron, et tôt aussi l’épargne mangée, et dame misère entra au logis.

III.

En cettuy état Smetse ne se laissa point aller à désespérance ; il était toutefois bien marri et fâché quand, seul en sa forge éteinte et y considérant tous ses vaillants utils couchés à terre, il ouyait le beau bruit d’enclumes et de marteaux, mené en celle de Slimbroek.

Mais ce qui le fâchait davantage, c’est qu’à toutes fois qu’il passait devant la maison dudit Slimbroek, le traître roux se venait bouter soudain sus le seuil de sa porte, et le saluant bien gracieusement lui disait force compliments, lui adressait cent flattants propos sans