Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 169 —

étrange, je ne les entends du tout marcher, mon homme ? »

— « Ils ont, » dit Smetse, « semelles propres à leurs besognes assurément. »

— « Mais, » dit-elle, « leurs visages sont tant blêmes, tristes et immobiles, qu’ils semblent masques de trépassés. »

— « Oiseaux de nuit, » dit Smetse, « n’eurent oncques bonne trogne. »

— « Mais, » dit la femme, « je ne vis point ces hommes emmi ceux des métiers de Gand. »

— « Tu ne les connais tous, » dit Smetse.

— « Il se peut, mon homme. »

Ainsi devisaient le forgeron et sa femme, l’une bien curieuse et inquiète, l’autre confus et gêné en ses menteries.

Soudain, comme issait hors la forge le trente et troisième valet du maître marchand de vins, y entra en hâte incroyable un homme de moyenne taille, vêtu d’un court sarrau noir, blond de poil, gros de tête, pâle de face, trottant menu vite comme vent, roide comme bâton ; au demourant, souriant sans cesse et portant lanterne.

L’homme alla à Smetse prestement, sans parler lui manda de le suivre, le saisit au bras ; Smetse résis-