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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/238

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X.

Entrant en la cuisine, le forgeron vit sa femme à genoux se frappant la poitrine, plourant, soupirant, sanglotant et disant : « Jésus Dieu Seigneur ! il a fait pacte avec le diable ; mais ce n’est de mon consentement, je l’affie. Et vous aussi, Madame la Vierge, vous le savez, et vous aussi, Messieurs tous les saints. Ha ! je suis bien marrie, non point pour moi, mais pour mon pauvre homme, qui afin d’acquérir quelque misérable or, vendit son âme au diable. Las ! oui, il l’a vendue. Ha ! Messieurs les saints, qui êtes bien heureux et bien glorieux, priez le très-bon Dieu pour lui, et daignez considérer que si, comme je l’ose espérer, je meurs chrétiennement et vais en paradis, je serai là toute seule mangeant la tourte au riz avec cuillers d’argent, ce pendant que mon pauvre homme brûlera ès enfers, y criera faim et soif et que je ne lui pourrai donner à boire mi à manger. Las ! j’en serais si malheureuse ! Ha ! Messieurs les saints, Madame la Vierge, Monseigneur Jésus, il ne pécha que cette fois, et fut tout le reste de sa vie bon homme, bon chrétien, don-