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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/240

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— « Mais, » dit-elle. « s’il n’était point monté sus le prunier, qu’eusses-tu fait, pauvre gueux ? Et se laissera-t-il, comme aujourd’hui, choir en tes piéges ? »

— « Femme, » dit Smetse, « il y choira, car les piéges sont célestes et ce qui vient de Dieu peut toujours contre diables. »

— « Ne mens-tu point, » dit-elle, « et me veux-tu dire quels ils sont ? »

— « Je ne le puis, » dit-il, « car diables ont fines oreilles et m’entendraient te parler, si bassement que ce fût ; pour lors assurément je serais, sans merci, ès enfers emporté. »

— « Ha, » dit-elle, « je ne le voudrais point, non obstant qu’il ne me soit point plaisant vivre céans, ignorant toujours tout comme personne étrangère. Toutefois, je t’aime mieux te taisant et sauvé que parlant et damné. »

— « Femme, » dit-il, « tu es sage parlant ainsi. »

— « Je, » dit-elle, « prierai pour ta délivrance chaque jour et ferai dire pour toi une bonne messe à Sant-Bavon. »

— « Mais, » dit-il, « sera-ce de l’argent du diable que tu paieras la dite messe ? »

— « N’aie nul souci, » dit-elle, « cettuy argent entrant ès coffres de l’église sera soudain sanctifié.