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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/242

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Le forgeron se tenait en un coin, songeant comme il pourrait faire seoir sus le fauteuil le diable qui le devait emporter, quand soudain Flipke se coula jusques à lui et lui dit en l’oreille : « Baes, le duc de sang est céans, garde-toi. »

— « Las, » dit Smetse se parlant à lui-même, « c’est fini de moi, puisque d’Albe me vient emporter. »

Cependant le diable était au forgeron venu ; sans parler il l’avait pris au bras pour l’entraîner et lui montrait le pacte.

— « Monseigneur, » dit Smetse bien lamentablement, « où me voulez-vous mener ? Ès enfers ? Je vous suis. C’est trop d’honneur à moi chétif, que d’obéir à noble diable comme vous êtes. Mais est-il de vrai l’heure du partement ? Je ne le crois, et votre Altesse a l’âme trop droite pour me vouloir emmener avant que ne l’a dit le pacte. Entretandis qu’elle daigne s’asseoir : Flipke, un siége à Monseigneur, le plus beau de mon humble logis, le grand, le moelleux fauteuil, lequel est en ma cuisine, lez le bahut, près la cheminée, sous la pourtraicture de Monsieur saint Joseph. Époussette-le bien, garçon, qu’il n’y demoure poussière aucune ; et vitement, car le noble duc se tient debout. »

Cependant Flipke, lequel était tout soudain couru à la cuisine, disait :