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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/245

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raison, car elle me fut toujours fidèle et bien attachée. Ne serait-ce acte criminel de rompre ainsi tout soudain cette tant belle amitié ? En outre vous me voulez mener ès enfers, où l’air est tout empuanti des diverses rôtisseries d’âmes damnées qui y sont. Ha, plutôt que d’y aller, j’aimerais mieux battre votre Altesse pendant sept ans. »

— « Flamand, » dit le diable, « tu parles sans respect.

« Monseigneur, » dit Smetse, « mais je frapperai avec vénération. »

Et, ce disant, de son poing fermé lui bailla sous le nez un coup horrifique, ce dont le diable parut étonné, ahuri et colère, comme puissant roi frappé par chétif valet. Et il se voulut élancer sus le forgeron, serra les poings, grinça des dents et jeta, tant il était colère, le sang par le nez, la bouche, les yeux et les oreilles.

— « Ha, » disait Smetse, « vous me semblez fâché, Monseigneur. Mais daignez considérer que puisque vous ne voulez entendre mes paroles, il me faut vous parler par coups. Ainsi patrocinant, ne fais-je de mon mieux pour vous attendrir sus mon sort pitoyable ? Las ! daignez considérer comme mon humble poing supplie de son mieux votre œil illustre, demande sept ans à votre noble nez, les imploure de votre ducale mâchoire. Ces