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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/246

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soufflets respectueux ne disent-ils point bien à vos joues généralissimes combien je serais heureux, joyeux et gras durant les sept ans ? Ha, laissez-vous convaincre. Mais, je le vois, il vous faudra tenir autres propos, propos de barres, oraisons de tenailles, supplications de marteaux. Garçons, » ajouta le forgeron parlant à ses manouvriers, « vous plaît-il deviser avec Monseigneur ? »

— « Oui, baes, » dirent-ils.

Et ensemble avec Smetse ils choisirent les utils ; toutefois c’étaient les vieux qui prenaient les plus lourds et étaient les plus chauds de colère pour ce qu’ils avaient au temps jadis, et du fait du duc, perdu maints parents et amis par fer, fosse et feu, et ils disaient : « Dieu est avec nous, il envoie l’ennemi en nos mains. Sus au duc de sang, au gouverneur des bûchers, au seigneur de la hache ! »

Tous, jeunes et vieux, maudissaient le diable, et leurs voix grondaient comme foudre ; et ils vinrent à lui menaceusement, entourant le fauteuil et levant leurs utils pour frapper.

Mais Smetse les arrêta et parla au diable : « Si, » dit-il, « Votre Altesse tient à ses nobles os, qu’elle daigne se hâter de me bailler les sept ans, car l’heure de rire est passée, ce crois-je. »