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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/247

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— « Baes, » s’exclamèrent les manouvriers, d’où te vient cette bonté sans mesure ? Pourquoi tenir avec ce maroufle si long et bénin parlement ? Laisse-nous d’abord le rompre, et tantôt de lui-même il t’offrira les sept ans. »

— « Sept ans ! » dit le diable, « sept ans ! il n’en aura pas l’ombre d’une minute. Frappez, Gantois, le lion ès rêts, vous qui ne trouviez pas de trou assez profond pour vous cacher, quand libre il montrait sa griffe. Couards flamands, voyez-ci le cas que je fais de vous et de vos menaces. » Et il cracha sus eux.

À cette salive, les barres, marteaux et autres outils churent sus lui menus comme grèle, lui rompant les os et le fer de son armement, et Smetse et les manouvriers disaient frappant à l’envi :

« Couards nous fûmes étant bons, justes, confiants et doux, vaillant il fut ayant force et soldats d’en user pour tuer les faibles et meurtrir les désarmés.

« Couards nous fûmes d’avorr voulu adorer Dieu dans la sincérité de notre cœur, vaillant il fut de nous en avoir voulu empêcher par le fer, la fosse et le feu.

« Couards nous fûmes d’avoir toujours ri voulentiers, bu de même joyeusement comme hommes qui, ayant fait ce qu’ils doivent, se moquent du demourant ; vaillant il fut ce sombre personnage, quand, emmi nos plai-