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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/29

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ment, au chant du coq. On dit que diables lors ne mordent point. »

Devant le clair soleil levé chanta le coq.

Et il eut à ce matin si martiale voix que l’on eût dit claire trompette.

Et ayant ouï la trompette, mirent fin subitement à leurs propos et chansons tous les diables buveurs.

Pieter Gans et Blaeskaek en furent grandement ravis et coururent au clos en grande hâte.

Pieter Gans, empêché à quérir sa pipe de cervoise, la vit muée en pierre, et au-dessus était assis comme sus un roussin une manière de garçonnet nu tout à fait, garçonnet gentil et mignon, couronné de pampres allégrement, avec grappes pendant sur l’oreille. — Et il avait en la main droite un bâton, ayant pomme de pin au bout et tout autour enlacés pampres et grappes.

Et le garçonnet, ce nonobstant qu’il fût de pierre, semblait vivant, tant il avait bonne trogne.

Grandement furent effrayés Gans et Blaeskaek, à la contemplation dudit garçonnet.

Et redoutèrent maléfice du diable et punition de l’ecclésiastique, et jurèrent de n’en souffler mot à nullui, et mirent la figure, laquelle n’était point bien haute, en une noire cave où il n’était rien à humer.