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IV.

Ce qu’ayant fait, s’en furent ensemble à Brusselle consulter un vieil homme, coquassier de son métier et quelque peu frippe-sauce. Il était pourtant bien aimé par le commun peuple pour certaine fricassée de connil bien mélangée d’herbes rares dont il ne demandait point gros. Et était dit avoir commerce avec le diable, pour ce qu’avec ses herbes il guérissait hommes et animaux mirifiquement. Il vendait aussi bière, laquelle il achetait à Blaeskack. — Et il était laid à voir, goutteux, goîtreux, flétri, jaune comme coing et ridé comme vieilles pommes.

Il demourait en un logis de méchante apparence, là où se voit de présent la brasserie de bière de Claas Van Volxem. Gans et Blaeskaek, venant à lui, le trouvèrent en cuisine, besognant ses fricassées de connil.

Le coquassier, voyant Gans si piteux et mélancolique, lui demanda s’il avait quelque mal dont il voulût être guéri.

« Il ne le faut, dit Blaeskaek, guérir d’autre chose que de la male peur qui le géhenne depuis tantôt huit jours. »