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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/54

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temps jà. À peine si l’ange de Dieu venait, les pourrait éveiller. Ha ! faut-il qu’après nous avoir délaissées, ces vilains buveurs nous fassent encore mourir. »

— « Ne plourez point, » dit André Bredael, « ce n’est l’heure. Aimez-vous ces maris ? »

— « Oui, » dirent-elles.

— « Et vos fils ? »

— « Oui, » dirent-elles.

— « Et vos fillettes si gentes et si mignonnes ? »

— « Oui, » dirent-elles.

— « Et vous les défendriez voulentiers ? »

— « Oui, » dirent-elles.

— « Adoncques, » ajouta Bredael, « allez quérir les armes de ces dormeurs et me venez joindre ici vitement. Nous aviserons au moyen de nous défendre bien. »

Bientôt revinrent les femmes avec les arcs de leurs maris, frères ou fiancés. — Et ces arcs étaient grandement renommés par tout le pays, pour ce qu’ils portaient plus loin et plus dru que d’autres.

Puis vinrent aussi garçonnets de douze ans et un peu davantage et aucuns braves vieux hommes, mais les femmes les firent au logis retourner disant qu’il leur fallait garder la commune.

Elles se tenaient toutes sus la place y parlant avec grande ardeur et courage, mais sans nulle jactance et