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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/59

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battre, pour ce qu’elles avaient quitté de nuit le marital logis, — mais André Bredael les en empêcha et leur narra le fait, dont ils furent grandement ébahis, honteux et repentants, voyant comme quoi les vaillantes porte-jupes avaient ainsi pour eux besogné. Pieter Gans, Blaeskaek et N. Claessens, doyen d’Uccle, un bien saint homme, étaient aussi venus sus la place.

Cependant, considérant toute cette grande foule, maître Bredael parla ainsi :

« Compagnons, » dit-il, « entendez-vous comment vous ne humez de présent l’air du bon Dieu, que par la vaillance de vos femmes et filles. Doncques, il faut ici promettre et jurer de ne plus boire, sinon qu’elles le veulent. »

— « Tout beau, maître Bredael, » dit un des bourgeois. « ce n’est point boire qui donne ainsi lourd sommeil. J’en puis parler en homme expert, moi qui ai humé piots toute ma vie, et l’espère continuer à faire joyeusement. Autre chose il y a, c’est diablerie et maléfice, je le soupçonne. Venez-ci, Pieter Gans, venez-ci nous causer un petit, et si vous savez quelque chose, éclaircir l’aventure. »

— « Las ! las ! » dit Pieter Gans, branlant la tête et claquetant des dents (car il avait peur, le bonhomme) : « las ! las ! j’ignore tout, mes bons amis. »