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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/99

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pulcre un homme couché beau merveilleusement et ne semblant point mort, et l’homme était vêtu de blanc.

Et ès mains, l’homme tenait une faucille, de laquelle le manche et la lame étaient d’or.

« Prends faucille, » dit le petit bonhommet, lui battant la tête de ses poings.

Le Sire d’Halewyn ayant obéi, l’homme couché devint poussière, et il issit de la poussière flamme blanche, haute et large, et de la flamme blanche, chanson douce merveilleusement.

Et soudain s’épandit en la forêt parfum de cinamome, encens et marjolaine.

« Chante, » dit le petit bonhommet, et le Méchant redit la chanson. Cependant qu’il chantait et que son aigre voix était muée en voix plus douce que voix d’ange, il vit issant du plus profond du bois, vierge belle de beauté céleste et nue entièrement ; et elle se vint placer vis-à-vis de lui.

« Ha, » dit-elle plourant, « Maître à la faucille d’or, je suis venue, bien obéissante ; ne me fais trop souffrir prenant mon cœur, Maître à la faucille d’or. »

Puis la vierge s’en fut dans le parfond du bois, et le petit bonhommet, s’éclaffant de rire, jeta par terre le Sire d’Halewyn, et dit :

« Tu as chanson et faucille, ainsi auras-tu force et