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Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (1).djvu/147

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Le 1er août 1834, à la suite des saints offices célébrés avec solennité, toute la population noire passa de l’esclavage à la liberté. La colonie n’en éprouva pas la plus légère commotion. Dès le lendemain, à peu d’exceptions près, les noirs se remirent au travail à raison de 1 schelling pour les plus intelligents, et de 9 pence pour les moins habiles[1].

Le passage de l’esclavage à la liberté se fit avec le même ordre dans les diverses îles dépendantes d’Antigue[2].

Jusqu’au 27 août, le chef de la police n’eut à intervenir que pour régler quelques difficultés à l’égard des populations rurales. Mais il signalait un fait alarmant pour l’avenir : les enfants avaient presque tous été dirigés sur les villes par leurs parents. L’ordre pourrait être troublé par cette affluence de la population vers les cités, et la culture, privée de bras, serait compromise si un tel mouvement n’était promptement contenu. Une moitié de la population travaillait ; l’autre moitié semblait disposée à suivre cet exemple. Les délits, par leur nature et leur nombre, ne présentaient pas plus de gravité qu’au sein des sociétés les plus policées[3].

Le mois suivant, le second rapport du chef de la police fut loin de répondre aux espérances qu’avait fait naître le premier. Nombre d’affranchis avaient quitté les habitations pour se livrer aux occupations urbaines. Les femmes perdaient environ trois jours par semaine, sous le prétexte d’aller vendre le faible produit de leur jardinage. Enfin le défaut

  1. Documents parlementaires, part. II (continuée), p. 22 et 23, annexes 1 et 2 à la dépêche no 161.
  2. Ibid. p. 23, dépêche no 162.
  3. Ibid. p. 24 annexe à la dépêche no 163.