Aller au contenu

Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À deux heures, j’ai accompagné l’Ambassadeur dans la visite qu’il a rendue à M. Duncker-Curtius, Hollandais de forme dans toute l’acception du mot ; il est d’un abord obligeant, et parle assez facilement le français.

J’ai retrouvé chez lui M. de Kattendycke, et nous nous sommes mutuellement reconnus pour nous être déjà vus à Paris : c’est un homme du monde par excellence, fort instruit, fort aimable et, dit-on, très-capable dans son arme. Pour mon compte, au bout de quelques instants de commune causerie, je l’ai trouvé d’une cordialité qui m’a vite gagné ; aussi n’ai-je pas hésité à accepter de partager, pendant une partie de notre court séjour à Nagha-saki, sa petite maison, où, avec ses habitudes et ses idées d’Europe, il vit solitaire et, m’a-t-il dit, fort ennuyé de son exil au Japon. Je me suis rappelé l’avoir laissé, il y a six ans, à Paris, jeune et brun de cheveux, et, aujourd’hui, je le retrouve les cheveux presque complétement gris et suffisamment vieilli : c’est le sort, à ce qu’il paraît, réservé aux déportés libres soit en Chine, soit au Japon.

À côté de Yeddo, à en juger par ce que je puis en voir du pont du Laplace, Nagha-saki me fait l’effet d’un gros bourg en amphithéâtre sur le versant d’une montagne labourée de cultures de toutes