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Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/90

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À cette dernière phrase, l’envoyé japonais n’a répondu que par le silence ; mais, reprenant pour la troisième fois la question de Yeddo comme dernier argument, il a déclaré que, « par intérêt pour les membres de l’Ambassade de France, il doit les prévenir que le choléra-morbus (et le mot a été très-purement prononcé) est en ce moment terrible dans la ville ; qu’en dix jours il est mort trois mille personnes ; trois cents par jour. » Ce à quoi le baron Gros s’est empressé de répondre « que les Français ne craignent pas le choléra ; que l’on « a même en France d’excellents remèdes pour le combattre et le guérir ; et, tenant à justifier son affirmation, il a fait apporter par le docteur du Laplace plusieurs formules écrites de traitements par l’opium et par les toniques, que la députation japonaise a acceptées avec un empressement qui n’avait rien de simulé ; ce qui nous fait penser que le choléra doit en effet régner à Yeddo, quitte à en rabattre des chiffres donnés par les parties intéressées. Ces chiffres d’ailleurs, seraient-ils exacts, n’auraient rien de bien alarmant ni d’excessif dans la population d’une ville estimée par les Hollandais et les Américains à deux millions d’habitants.

Cette première visite des Japonais a duré de midi à trois heures ; elle a été un enseignement pour le baron Gros ; car elle a démasqué une partie des