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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/179

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ou tombée du fronton d’un temple, gît sur ce lit d’anémones : non, Muse, vous vous trompez. Le jasmin, l’Hébé d’albâtre, est une magicienne de Rome, née il y a seize mois de mai et la moitié d’un printemps, au son de la lyre, au lever de l’aurore, dans un champ de roses de Pæstum.

« Vent des orangers de Palerme qui soufflez sur l’île de Circé ; brise qui passez au tombeau du Tasse ; qui caressez les nymphes et les amours de la Farnésine ; vous qui vous jouez au Vatican parmi les vierges de Raphaël, les statues des Muses, vous qui mouillez vos ailes aux cascatelles de Tivoli ; génies des arts qui vivez de chefs-d’œuvre et voltigez avec les souvenirs, venez : à vous seuls je permets d’inspirer le sommeil de Cynthie.

« Et vous, filles majestueuses de Pythagore, Parques à la robe de lin, sœurs inévitables assises à l’essieu des sphères, tournez le fil de la destinée de Cynthie sur des fuseaux d’or ; faites-les descendre de vos doigts et remonter à votre main avec une ineffable harmonie ; immortelles filandières, ouvrez la porte d’ivoire à ces songes qui reposent sur un sein de femme sans l’oppresser. Je te chanterai, ô canéphore des solennités romaines, jeune Charité nourrie d’ambroisie au giron de Vénus, sourire envoyé d’Orient pour glisser sur ma vie ; violette oubliée au jardin d’Horace .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   

« Mein Herr ? dix kreutzer bour la parrière. »

Peste soit de toi avec tes cruches ! j’avais changé de ciel ! j’étais si en train ! la muse ne reviendra pas !