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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/361

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

qu’il y a beaucoup de mal ici. Nos ennemis pourraient rire s’ils nous voyaient nous disputer une royauté sans royaume, un sceptre qui n’est que le bâton sur lequel nous appuyons nos pas dans le pèlerinage peut-être long de notre exil. Tous les inconvénients sont dans l’éducation de votre fils, et je ne vois aucune chance pour qu’elle soit changée. Je retourne au milieu des pauvres que madame de Chateaubriand nourrit ; là, je serai toujours à vos ordres. Si jamais vous deveniez maîtresse absolue de Henri, si vous persistiez à croire que ce dépôt précieux puisse être remis entre mes mains, je serais aussi heureux qu’honoré de lui consacrer le reste de ma vie, mais je ne pourrais me charger d’une aussi effrayante responsabilité qu’à la condition d’être, sous vos conseils, entièrement libre dans mes choix et dans mes idées, et placé sur un sol indépendant, hors du cercle des monarchies absolues. »

Dans la lettre était renfermée cette copie de mon projet de la déclaration de la majorité :

« Nous, Henri V du nom, arrivé à l’âge où les lois du royaume fixent la majorité de l’héritier du trône, voulons que le premier acte de cette majorité soit une protestation solennelle contre l’usurpation de Louis-Philippe, duc d’Orléans. En conséquence, et de l’avis de notre conseil, nous avons fait le présent acte pour le maintien de nos droits et de ceux des Français. Donné le trentième jour de septembre de l’an de grâce mil huit cent trente-trois. »