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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/360

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la vie. Je ne donnerais pas un patard de la meilleure.

La Bohême ne m’offrait plus rien de nouveau ; mes idées étaient fixées sur Prague.

Prague, 29 septembre 1833.

Le surlendemain de mon arrivée à Prague j’envoyai Hyacinthe porter une lettre à madame la duchesse de Berry, que selon mes calculs il devait rencontrer à Trieste. Cette lettre disait à la princesse : « que j’avais trouvé la famille royale partant pour Leoben, que de jeunes Français étaient arrivés pour l’époque de la majorité de Henri et que le roi leur échappait, que j’avais vu madame la dauphine, qu’elle m’avait invité à me rendre immédiatement à Butschirad, où Charles X se trouvait encore ; que je n’avais point vu Mademoiselle parce qu’elle était un peu souffrante, qu’on m’avait fait entrer dans sa chambre dont les volets étaient fermés, qu’elle m’avait tendu dans l’ombre sa main brûlante en me priant de les sauver tous ;

« Que je m’étais rendu à Butschirad, que j’avais vu M. de Blacas et causé avec lui sur la déclaration de la majorité de Henri V ; qu’introduit dans la chambre du roi, je l’avais trouvé endormi, et que, lui ayant ensuite présenté la lettre de madame la duchesse de Berry, il m’avait paru fort animé contre mon auguste cliente ; que, du reste, le petit acte rédigé par moi sur la majorité avait paru lui plaire. »

La lettre se terminait par ce paragraphe :

« Maintenant, Madame, je ne dois pas vous cacher