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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/142

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LE PARFUM DES PRAIRIES

nous avons parlé plus haut, était proéminent, et les plis de son séroual en laissaient deviner les formes. Le comédien était son voisin. Chaque jour une nouvelle conquête plongeait les maris du quartier dans une perplexité extrême ; mais lui, indifférent à toutes ces victoires faciles, ne songeait qu’à sa délicieuse voisine, qui lui rendait œillade pour œillade, mais qui rejetait bien loin les douces propositions. À chaque prière du comédien, elle répondait par les mêmes paroles auxquelles il cherchait en vain à donner un sens.

Voici ce qu’elle disait en chantant :

Entre les montagnes j’ai vu une tente admirablement située,
D’une partie du monde on la distingue ;
Mais hélas ! elle n’a pas de colonne pour la soutenir,
Elle reste à terre comme une outre vide,
Affaissée et sans forme,
Sur le sol poli comme l’acier luisant.

Djady demandait inutilement à tous ce que signifiaient ces vers : personne ne pouvait l’éclairer. Alors il partit pour Bagdad afin de consulter un de ses amis dont la ruse était grande.

Cet ami, qui s’appelait Benouoz, était bouffon