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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/143

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LE JARDIN PARFUMÉ

d’Aroun-el-Raschid. Il lui raconta ce qui se passait dans son cœur, lui avoua son amour, ses chagrins, et lui dit mot à mot cette chanson qu’il savait si bien, l’ayant entendue tant de fois.

Le bouffon saisissant immédiatement le sens de l’énigme, lui dit :

— Djady, le cœur de cette femme t’appartient. D’après ces vers, je suppose qu’elle est d’un caractère voluptueux et sans mari. Mais malgré son désir de s’abandonner à toi, elle craint de se fourvoyer, pensant que ton zeb est de petite dimension, ce qui la satisferait peu, et rendrait sa défaite sans compensation. Je crois encore qu’elle est peu clairvoyante, car à ta tournure, j’imagine que tu dois avoir de quoi la satisfaire largement.

— Je le crois aussi, dit le comédien.

— Eh bien ! reprit Benouoz, écoute et comprends bien la signification de sa chanson. Les montagnes entre lesquelles se voit la tente sont ses cuisses, et cette tente, c’est son zouque, qui est, comme elle le dit, admirablement situé et dont on doit apercevoir le haut bombé quand elle marche. La colonne qui lui manque n’est autre que le tota d’un bon mari, et de même qu’une