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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/147

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LE JARDIN PARFUMÉ

— Mais que te ferai-je, Satan, si tu n’accomplis pas tout ce que rêve ma pensée.

— Tu rendras mes yeux obscurs en me chassant pour toujours de ta présence.

Alors sa figure parut moins sévère et elle fit fermer la porte par son esclave.

Aussitôt il la supplie, comme autrefois, de lui accorder ses faveurs, mais elle lui répondit par l’éternelle chanson, qu’il entendit jusqu’à la fin sans l’interrompre. Puis, à son tour, lui disant les vers de Benouoz, il remarquait, à chaque strophe, les yeux de son amante qui brillaient d’un feu plus ardent ; sa poitrine émue soulevait le voile fin et transparent qui l’abritait ; ses lèvres se séchaient sous ses soupirs brûlants, et son corps tremblant chancelait sur ses pieds sans forces.

Il avança ses bras pour la soutenir.

— Viens, disait-il, quittons cette cour. Vois d’ici les coussins soyeux de ta chambre ; ils nous convient en souriant.

— Laisse-moi, Djinn, je suis épuisée et sans courage, je ne saurais sortir d’ici. Prends-moi, sans plus tarder, car la vie m’abandonne.

— Sortons de ce lieu, insistait Djady, il est peu convenable pour l’amour, quelques pas encore et