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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/148

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LE PARFUM DES PRAIRIES

les deux tapis seront témoins de nos serments et de nos cris d’ivresse.

Mais elle, s’affaissant sur les dalles de marbre, disait :

— Pourquoi, ô mon dieu, me jettes-tu aux mains de ce mauvais, moi dont la vertu est restée ferme devant les plus grands. C’était écrit, Dieu est fort !

Alors, rompant les cordons de soie qui serraient sa taille, son séroual tomba en découvrant ses formes suaves et moelleuses aux regards éblouis du comédien, dont le cœur bondit à rompre sa poitrine.

Le zouque de Fadeaty-el-djamel s’ouvrait et se fermait comme celui d’une jument qui veut l’étalon. Djady, sans voix, se pencha sur elle, qui l’étreignit de ses deux bras.

— Sur la tête de ton père, murmura-t-elle, prends-moi !

Mais à peine eut-elle senti le tota du comédien entre les lèvres de son fordj, que la jouissance, comme un torrent impétueux, envahit tout son être ; le sang s’arrêta dans ses veines, elle tordait ses membres, des cris étouffés sortaient de sa gorge, ses os craquaient, ses ongles blancs se