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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/152

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LE PARFUM DES PRAIRIES

te rendra en gros ce que tu as fait souffrir aux autres en détail.

— Elle veut que je l’épouse, dit le comédien. Ne vaudrait-il pas mieux pour moi ne la conserver que comme maîtresse.

— Je te conseille, reprit le bouffon, de ne la garder ni comme femme ni comme maîtresse, mais de la laisser bien vite ; car une pareille goule sucera ton sang, dévorera tes forces, et te fera cocu, ce qui fait toujours plaisir au monde. Alors on rira de toi et ce sera bien fait ; un homme qui épouse une femme sensuelle est un nigaud : il se condamne lui-même le jour de ses noces, car si son tota mollit, elle prendra le zeb d’un nègre plutôt que de laisser son zouque sans bouchon.

Et il chanta :

Les femmes sont des démons femelles,
Les gens d’esprit n’y ont guère confiance ;
L’amour-propre guide leurs pensées.
Elles rendent fous ceux qui les aiment
Par leur rouerie et leur malice.
Ceux qui ne sont point de cet avis sont amoureux,
Ils verront dans la suite, qui, de moi ou des femmes, les aura trompés,
Alors ils me rendront justice, mais trop tard.