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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/162

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LE PARFUM DES PRAIRIES

qui devint éperdûment amoureux d’elle ; il fit tous les sacrifices possibles pour vaincre sa vertu ; sa fortune entière s’épuisa en folles dépenses, mais ma sœur était sage et rien ne put la séduire. Son amant, fou de désespoir, la menaça d’une vengeance terrible.

— Fais, dit-elle, je ne crains ni toi ni tes menaces.

Mais lui, poussé à bout par ses dédains insultants, obtint de Dieu, à force de prières, qu’elle fût changée en chienne.

À peine eut-elle terminé ces mots que de longs sanglots étouffèrent sa voix.

— Ô Allah ! s’écria la jeune femme, s’il m’en arrivait autant.

— Comment cela ? dit la vieille, qui ne perdait rien de ce qui se passait.

— Hélas ! reprit l’autre, un beau seigneur m’aimait follement, pour moi, il a dépensé ses biens, il ne lui reste plus que la salive de sa bouche et je crains qu’il ne se venge de la même façon.

— Prends garde, dit la rouée, Dieu ne pardonne pas aux femmes qui font tant souffrir. Crois-en mon ancienne expérience et cède aux