Aller au contenu

Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
LE JARDIN PARFUMÉ

depuis longtemps que tu me serves le repas du soir.

— Votre âne est fatigué des fardeaux énormes dont vous l’accablez, disait-elle ; je l’encourage et le presse de manger afin qu’il ne faiblisse pas sous la charge du lendemain et je ne le quitte que lorsqu’il a broyé son dernier grain.

Elle a quelquefois du bon, pensait l’imbécile, qui allait se coucher et s’endormait sans penser à mal.

Et il continua à la laisser exclusivement chargé du soin de son favori.

Cette femme était mauvaise et sans honte, son dévergondage n’avait pas de limite. Pendant que l’animal mangeait, elle plaçait sur son dos le bât, qu’elle fixait en nouant les sangles sous son ventre ; puis elle s’imprégnait le fordj de fiente d’écurie et, ainsi barbouillée, elle mettait ses mains par terre, élevait son derrière à la hauteur du nez du bourriquet, qui, à l’odeur abominable qu’elle exhalait, la prenait pour une ânesse et, en moins de rien, l’avait enfourchée.

Elle prenait alors par-dessous le membre de l’âne, le tortillait pour le faire arriver à un état satisfaisant, puis, écartant davantage ses jambes, elle