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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/208

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LE PARFUM DES PRAIRIES

elle chaque jour l’arrivée de nouveaux princes qui venaient demander la main d’une de ces merveilles. Mais le Sultan les congédiait avec courtoisie et gardait pour lui ses filles, dont le plaisir favori était de s’habiller en hommes, de suspendre à leurs côtés de brillants cimeterres et, montées sur des chevaux richement caparaçonnés, de combattre en champ clos les plus redoutables seigneurs de ses états.

Chacune d’elles avait un palais magnifique, une foule de serviteurs et d’esclaves obéissaient à leurs moindres caprices. Les unes s’occupèrent exclusivement de leur toilette, les autres préparaient les sorbets glacés, le café parfumé et les mets exquis.

Elles étaient heureuses ainsi et chaque fois que leur père leur demandait si elles avaient fait choix d’un époux, elles répondaient :

— Jamais nous ne changerons notre existence grande et libre contre l’esclavage doré du harem.

Leur décision s’était répandue dans le public, et les langues enchantées de parler inutilement, comme toujours, disant, les unes : Elles ont raison ; les autres : elles ont tort. Puis elles se turent, s’occupèrent d’autre chose et personne