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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/209

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LE JARDIN PARFUMÉ

ne songea plus à elles jusqu’au moment où, leur père venant à mourir sans héritier mâle, l’aînée monta sur le trône, à la joie universelle.

Celle-ci s’appelait Fouja, la victoire ; la seconde Sultana, la sultane ; la troisième Bdia, la petite perfection ; la quatrième Ouréda, la rose ; la cinquième Mahamouda, digne de louanges ; la sixième El Kumelah, la plus parfaite ; et la septième Zora, la plus belle ; celle-là, plus jeune que ses sœurs, était douée d’un jugement droit et d’une intelligence supérieure ; elle aimait passionnément la chasse et occupait presque tout son temps à la destruction des animaux malfaisants.

Un jour qu’elle parcourait une forêt voisine de son bordj, elle rencontra un cavalier suivi de dix esclaves, qui la salua gracieusement ; elle lui rendit de même son salut ; mais, surprise à l’improviste, Zora ne songea pas à déguiser sa voix et le jeune chef comprit que ces habits de chasseur cachaient les formes suaves d’une charmante jeune fille.

Mettant leurs chevaux à la même allure, ils firent quelque temps route ensemble et ils se plaisaient à leur conversation vive et enjouée.

Après quelque temps d’une douce causerie, le