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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/236

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LE PARFUM DES PRAIRIES

Ô homme sans discernement, crois-tu donc que si j’avais eu réellement un amant et que je l’eusse fait entrer dans la chambre, je t’aurais dit qu’il s’y trouvait en t’indiquant l’endroit où il s’était réfugié ? Non, ce n’est pas admissible ! Je n’ai eu d’autre idée que de t’offrir une collation à ton retour, et j’ai voulu simplement plaisanter avec toi en agissant ainsi. Si j’avais eu un amant, certes ! je ne te l’aurais pas confié !

Le mari laissa alors la clef à la serrure de l’armoire sans ouvrir et, revenant vers la table où était la collation, il dit :

— C’est vrai ! je me suis levé, mais je n’ai pas eu le moindre doute sur la sincérité de tes paroles.

Puis ils se mirent à boire et à manger ensemble ; après quoi ils firent l’amour.

L’homme dut rester dans l’armoire jusqu’au départ du mari. La femme alla le délivrer et le trouva défait, ses effets souillés d’urine et d’excréments. Au moment où il en sortait, venant de courir un péril imminent, elle lui dit :

— Eh bien ! monsieur le connaisseur en ruses de femmes, parmi toutes celles que tu as recueillies, y en a-t-il une qui vaille celle-là ?