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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/71

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LE JARDIN PARFUMÉ

figure pour n’être pas reconnu. Tous ses serviteurs, la main sur la poignée de leur sabre, faisaient silence autour de lui.

— Bonjour à toi, dit le Sultan à l’inconnu.

— Salut à toi, répondit celui-ci ; mais de quel droit me fais-tu conduire ainsi devant toi. Que t’importe ce que je fais et ce que je dis puisque je ne te connais pas ?

— Je ne sais pas davantage qui tu es, dit le seigneur Direm, mais raconte-moi le chagrin qui t’occupe et je t’accorderai ma protection.

— Il est affreux, reprit l’homme, de voir se passer dans l’empire du Sultan de pareilles infamies et de ne trouver personne qui puisse aller lui demander justice.

— Mais parle donc, dit le Sultan.

— Non, reprit l’autre, je ne me confierai qu’à celui qui pourra approcher du Grand Seigneur.

— Eh bien ! je lui présenterai ta requête, fais-moi part de tes infortunes et je jure de te venger.

— Que Dieu soit loué ! dit l’ivrogne, écoutez-moi, prince, et jugez de mon malheur. J’étais amoureux d’une belle créature, qui m’aimait aussi depuis longtemps, lorsqu’elle fut tout à coup enlevée par une affreuse vieille qui la condui-