Aller au contenu

Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
LE PARFUM DES PRAIRIES

sit dans un lieu infâme. Quand j’eus perdu celle qui remplissait mon cœur, il me sembla que ma vie s’en allait.

— Mais sais-tu où se trouve la maison où elle est renfermée ?

— Ma maîtresse a été menée chez un nègre qui s’appelle Debrom ; il a une quantité de femmes toutes blanches et belles comme la lune. Ces femmes, qui ont été faites par Dieu pour les délices d’un sultan, servent de jouets à un esclave. Ce noir était autrefois serviteur du Grand Vizir ; une épouse de ce prince se moquait sans cesse de lui, mais Allah l’a punie : elle devint amoureuse du nègre et, depuis lors, elle lui envoie des sommes énormes pour subvenir aux frais de son palais, se parer de vêtements magnifiques et satisfaire tous ses caprices.

À ces paroles le Sultan resta confondu d’étonnement.

— Fais-moi voir la maison de Debrom, dit-il.

— Quand je vous l’aurai montrée, que ferez-vous ?

— Tu le verras.

— J’ai peur pour vous : Debrom est cruel et puissant, vous ne serez point admis dans sa de-