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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/78

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LE PARFUM DES PRAIRIES

étaient assises. Elles chantaient avec des voix d’enfants. Derrière les sept femmes, sept nègres se tenaient debout.

Une de ces dames, belle comme la lune, et la pleine lune, surpassait toutes les autres en charmes comme la montagne dépasse la vallée. Ses cheveux et ses sourcils étaient d’un noir d’ébène, sa figure fine et délicate, et l’aspect de son corps entier, gracieux comme un jeune arbre vert agité par la brise. Le Sultan, émerveillé, sentit son cœur se serrer et se dit : Mon Dieu, pourrai-je maintenant sortir de cette demeure. Ô mon âme ! abandonne toute pensée de luxure.

Cependant dans la salle, les carafes de vin passaient de bouche en bouche, l’ivresse succéda bientôt au festin. Comment pourrais-je prévenir mes compagnons ? pensa le Sultan. Tout à coup il entendit une des femmes, la plus rapprochée de lui, qui disait à sa voisine. N’as-tu pas sommeil ? Il est tard, prends un flambeau et viens te coucher avec moi. La bougie fut aussitôt allumée et toutes deux se dirigèrent vers la porte, contre laquelle se serra dans l’ombre le seigneur Direm. Elles descendirent les escaliers, traversèrent la cour et poussèrent une petite cloison qui donnait