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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/79

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LE JARDIN PARFUMÉ

accès dans un réduit tout gracieux ; puis oubliant de fermer la chambre, elles pénétrèrent dans un cabinet attenant pour y faire leur toilette de nuit.

Le Sultan profita de leur absence pour s’introduire dans l’appartement et se cacher derrière un meuble où il attendit patiemment, envoyant son cœur à ses amis, qui, dans ce même instant, s’inquiétaient de la longue absence de leur maître.

Peu de temps après les deux femmes rentrèrent, quittèrent leurs vêtements, se mirent au lit et commencèrent à se caresser. Certes, pensa le Sultan, Omar avait raison de dire que cette maison est un mauvais lieu ; ce que je vois depuis que je suis ici me comble d’étonnement.

Cependant les deux cahabah, abîmées d’ivresse et de luxure, se sont endormies. Le prince sort de sa cachette, éteint la bougie, se dépouille de ses vêtements et se met au lit entre les deux dormeuses. Il avait entendu leurs noms pendant qu’il assistait à leurs doux ébats, de sorte que s’adressant à l’une d’elles, en contrefaisant la voix de l’autre :

— Où est la clef de la porte, Zara ?

— Reste donc couchée, répondait celle-ci ; tu sais bien que la clef est à sa place ordinaire.