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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/87

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LE JARDIN PARFUMÉ

S’il me dit : prends ; je lui répondrai : donne ;
Donne ton âme, ami chéri, lumière de mon cœur,
Tu es mon seigneur et le plus beau des hommes ;
Mais reste toujours ainsi, toi dans moi,
Et ne me laisse jamais seule, si tu veux que je vive.
Ô Allah ! fais que mon désir s’accomplisse !
Fais que durant 70 nuits, mon corps et le sien ne fasse qu’un !
Et mon zouque, comblé de félicité suprême,
Rêvera encore après un bonheur qu’il n’aura plus.

Le Sultan resta tout troublé de la chanson qu’il venait d’entendre.

— Cette femme est la plus impudique des créatures, dit-il. Après cela son désir immense de volupté prouverait peut-être qu’elle n’est pas mariée. Qui sait même si elle n’est pas pucelle ?

— Sire, dit Omar, cette dame est mariée, mais il y a longtemps qu’elle n’a vu son mari. Malgré toutes les séductions qui l’ont entourée, elle a toujours été sage.

— Quel est son époux ? demanda le Sultan.

— C’est, répondit Omar, le fils du Vizir de ton père.

— Tu as raison, Omar, j’ai, en effet, entendu parler des vertus de cette dame et de ses charmes irrésistibles. L’on prétend qu’elle n’a jamais