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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/89

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LE JARDIN PARFUMÉ

pourquoi veux-tu donc tromper avec moi la femme du Grand Vizir, qui t’aime tant ? Où est donc ce violent amour que tu lui jurais naguère ? Reviens vers moi, sois calme et entends mes chansons :

Suis mes conseils à propos des femmes,
Leurs désirs sont écrits entre leurs deux yeux,
Mais le secret de leurs cœurs est impénétrable.
Ni la fille d’un sultan ni celle d’un esclave ne trahira la pensée qu’elle cache.
La femme qui cache son secret est l’image de la force
Et le plus grand roi de la terre est sans puissance devant elle.

Il ne faut pas avoir l’air de trouver toutes les femmes jolies ;
Il ne faut pas dire non plus : Il n’y a que celle-là de belle.

Dis à la femme que tu aimes : Viens partager mon âme ;
Mais garde-toi bien de lui laisser lire ta pensée.

Si dans ton lit une femme t’enchante, méfie-toi ;
L’Amour des femmes s’échappe comme l’eau d’un vase percé.
Tant que tu seras sur sa poitrine, tu demeureras son bien-aimé ;
Au moment d’être heureuse, elle t’appellera : Mon cœur. Nigaud !