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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/92

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LE PARFUM DES PRAIRIES

Les nègres terrifiés n’osaient plus bouger. Le prince disait :

— Ceux qui ont osé porter la main sur moi ont été anéantis.

Aussitôt il donna l’ordre de lier solidement et d’enfermer les cinq noirs qui vivaient encore. Puis se tournant vers la Lune des Lunes, il lui dit :

— Ô la plus belle, dis-moi qui tu es ?

Elle lui raconta alors ce qu’Omar, fils de Saïd, lui avait déjà appris, et le Sultan, bientôt remis de sa fureur, reprit avec grâce :

— Que la bénédiction de Dieu soit sur toi. Dis-moi, ma bien-aimée, combien de temps une femme peut rester constante.

Et comme elle rougissait au lieu de répondre.

— Parle, lui dit le Sultan, au lieu de rougir.

— Ô mon maître, répondit-elle, la plus modeste, la plus sage, la plus vertueuse est fidèle pendant six mois ; et celle qui n’a aucun amour dans le cœur et qui rencontre une occasion entraînante ne restera pas si longtemps sans faiblir.

— Maintenant, dit Direm, nomme-moi les femmes qui sont là.

— Celle-ci, répondit-elle, est la femme du Cadi ; celle-là est l’épouse du Caïd : cette autre est