Aller au contenu

Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LE JARDIN PARFUMÉ

splendeurs toi et les tiens, et que ton front rayonne de gloire comme le soleil.

Tous deux se sentaient attirés l’un vers l’autre par un doux sentiment, et la sultane qui craignait qu’il ne lui arrivât malheur, à cause des scènes dont le Sultan avait été témoin, flattait son royal amant avec de douces paroles.

Cependant le grand Chef ordonna aux siens d’attacher les nègres à leurs maîtresses, deux à deux.

— Puisque l’union leur plaît tant, dit-il, je jure que maintenant ils ne se sépareront plus.

— Mais pourquoi ne m’as-tu pas fait prévenir de ce qui se passait ici, méchante ? demanda-t-il à la Lune des Lunes.

— Je ne le pouvais pas, dit-elle, j’ai été enlevée à mon mari qui ignore le lieu où l’on m’a conduite, et, malgré mes efforts, il m’a été impossible de m’échapper !

— Je suis sûr, reprit le Sultan, que tu as fait l’amour avec ces misérables nègres.

— Non, sur mon âme, je suis restée fidèle à mon mari, car jusqu’alors je n’avais vu personne qui pût lui être comparé en force et en beauté.

— Ma pensée est toute à toi, dit le Sultan, et